French History

Compte-rendu du Professeur Leigh Whaley (Acadia University, Wolfville, Nova Scotia, Canada) paru dans le volume 27 n°3, septembre 2013, de French History.

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Link used with the permission of Oxford University Press, oxfordjournals.org © (2013)
Publication and translation with the authorization of the author, Professor Leigh Whaley ; all rights reserved.

Texte traduit en français :

Ce livre tente de résoudre un mystère : pourquoi un lieutenant noble de l’armée française, qui avait salué la révolution avec enthousiasme, se retourna-t-il contre cette dernière en 1792 ?

Une découverte chanceuse de papiers personnels conduisit Didier Michel à enquêter sur la vie d’Anne Achille Alexandre, le Chevalier Blondel de Nouainville, un obscur officier noble originaire de Normandie. Michel écrivit initialement une thèse de doctorat à l’Université Panthéon-Sorbonne, basée sur la correspondance de Nouainville qui se trouve dans les collections de la Bibliothèque Municipale de Cherbourg. Le livre qui fait l’objet de ce compte-rendu est une version raccourcie de ce travail, sous forme d’un livre grand format visant un large public, complété par de brillantes illustrations et cartes.

Blondel de Nouainville intéresse l’auteur, car il est célébré dans les deux camps opposés par la Révolution, initialement à Rennes pendant la journée du 10 mai 1788, et plus tard, en 1792, en tant qu’émigré héroïque. Le dilemme que Michel tente de résoudre est le suivant : pourquoi un lieutenant libéral, qui défendit les droits et libertés constitutionnels des Bretons, meurt-il sous un uniforme anglais en se battant contre les forces républicaines dans les Flandres en 1793 ? La méthode de l’auteur pour répondre à cette question passe par le biais d’une biographie traditionnelle.

Né au château familial en 1753, Nouainville reliait ses origines familiales au fameux Blondel, le ménestrel de Richard Cœur de Lion. A l’âge de dix-sept ans, il rejoignit l’armée et mena une carrière sans incident en tant que fantassin, en France, ainsi que pendant une courte durée dans les Indes occidentales françaises. En 1788, Nouainville se retrouva à Rennes, défendant les droits du peuple et le parlement contre les actions despotiques du gouvernement. Il intervint dans les rues, empêchant les soldats de tirer sur la foule des manifestants. Pour son action, il fut récompensé de la Croix de S[ain]t-Louis.

Les archives montrent que Nouainville était un bon soldat faisant bien son devoir, jusqu’à son départ de l’armée et du pays à la fin avril-début mai 1792, à un moment où la guerre s’annonçait mal pour la France. Cet état de chose, combiné avec le fait que la plupart de ses proches avaient déjà émigré en Angleterre peut avoir un lien avec sa décision de quitter la France. Michel suggère également que les services effectués par Nouainville dans des villes contre-révolutionnaires comme Vannes (1790) et Nantes (1791) exercèrent une influence sur sa décision de se retourner contre son pays natal. Quoi qu’il en soit, Michel ne conclut pas en finissant son livre sur le constat que les documents sont muets sur les deux positionnements de Nouainville vis-à-vis des changements révolutionnaires, et les raisons pour lesquelles il émigra. Le livre donne une idée de la façon dont la révolution changea la vie d’un soldat ordinaire.